Docs du mois - juin 2025 - A boire et à manger dans les lettres à en-tête /
Datant de la fin du XIXe siècle et couvrant une bonne partie du XXe siècle, les lettres à en-tête conservées par la médiathèque de Roubaix révèlent la densité des entreprises et des commerces sur le territoire roubaisien. On se situe avant l'avènement des supermarchés et, concernant les commerces de bouche, ces lettres donnent l'impression qu'on peut trouver dans les rues commerçantes de Roubaix absolument tout ce dont on a besoin. A condition, bien sûr, de faire le tour des boutiques.
Ces documents sont touchants parce qu'ils sont souvent très soignés. Ils présentent bien sûr des éléments pratiques (raison sociale, denrées ou produits fournis, adresse, numéro de téléphone), mais font aussi état des spécialités de la maison, de sa date de fondation - gage de stabilité et de fiabilité -, des médailles gagnées aux concours. La typographie est étudiée et parfois enrichie d'un décor qui peut représenter l'établissement, ou encore les biens et produits commercialisés.
Nous vous proposer une sélection axée sur le boire et le manger disponibles chez les détaillants. Commençons donc nos courses chez Emile Pollet, "Aux fermiers réunis" rue de Lannoy, pour y acquérir, en gros et en détail, du beurre extra fin et des oeufs frais. Nos achats se feront en toute confiance : la maison n'a-t-elle pas obtenu plusieurs médailles ?
Pour l'épicerie, si nous achetions en gros, nous commanderions chez Georges Kuhn, rue de l'Epeule. La lettre que vous nous présentons date du 25 janvier 1954 et est adressée à la maison centrale de Loos, qui acquiert viandox, semoule de riz et quaker oats.
Passons ensuite à la charcuterie Pascal-Debruyne, rue du Vieil-Abreuvoir, qui fait spécialité de ses pieds farcis et truffés. Nous pourrions leur préférer les volailles et gibiers de la maison Serrurier-Farvacque, rue d'Inkermann, qui possédait aussi un étal aux Halles centrales aujourd'hui disparues. La lettre est ornée d'une nature morte. Si l'on aime le poisson, voir ci-contre la poissonnerie "Au saumon d'or", place de la Fosse-aux-chênes, qui livre à domicile et par abonnement ! Cette lettre présente paysages côtiers, ancre, filet, crustacé, coquillage et autre poisson à la mine avenante. Meilleur marché sans doute, la boucherie chevaline Alphonse Dhédenne, rue de Mouvaux. Cet établissement qui propose un camion spécial pour chevaux accidentés porte le nom d'"Estaminet du paradis des chevaux". Serait-ce de l'humour noir ?
N'oublions pas les indispensables pommes de terre, par exemple chez Emile Tack et la veuve Florin, "maison de confiance".
Pour les douceurs de fin de repas, goûtons les fruits primeurs du "Jardin de Valence", qui met en valeur sa spécialité d'oranges, citrons et mandarines (tout en proposant un dessin de grappe de raisin...).
Et nous finirons sur un café dont nous aurons fait l'emplette chez Carlos Hennebo, dont la lettre est ornée d'une charmante vignette représentant la boutique "Au meilleur café", et sa pratique stationnant devant dans une élégante voiture à cheval. Aimeriez-vous un petit canard pour rester sur une note sucrée ?
Illustration de droite : lettre à en-tête de la poissonnerie Fassiaux, "Au saumon d'or".