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Docs du mois - avril 2024 - Anecdote cycliste /

Le Paris-Roubaix travailliste

Depuis 1896 et sa création par Théodore Vienne, le Paris-Roubaix fait vibrer le cœur des Roubaisiens et des amateurs de cyclisme. La reine des classiques regorge d’anecdotes sur le circuit et ses coureurs. Il en est une bien cachée dans les Archives municipales de Roubaix : la création d’un Paris-Roubaix travailliste.

Pour tout comprendre de cette histoire, remontons en 1934. Après 40 ans de bons et loyaux services, la ville de Roubaix se voit privée de l’arrivée de la course au profit de l’hippodrome du Croisé-Laroche à Marcq-en-Barœul. Probablement une question d’argent, puisque le journal L’Auto, l’organisateur de la course, compte tirer profit de la vente des places en tribune. L’Union des Commerçants du Centre de Roubaix s’inquiète déjà pour les retombées économiques.

Scandale chez les Roubaisiens ! Jean Lebas et son administration, fidèles défenseurs de loisirs gratuits pour les ouvriers, réagissent rapidement. Il y aura bien un Paris-Roubaix en 1935, mais il sera travailliste !

Première chose, la municipalité interdit au journal L’Auto de continuer à utiliser l’appellation de « Paris-Roubaix ». Puis, l’organisation est confiée à la toute nouvelle Fédération Sportive et Gymnique du Travail (anciennement Union des Sociétés Sportives et Gymniques du Travail), en partenariat avec le journal Le Populaire, administré par Jean Lebas, et sous le patronage des journaux sportifs Sport et Le Peuple de Bruxelles. Radio PTT Nord est contacté pour proposer des communiqués tout au long de la journée et différents organes de presse socialistes couvrent l’évènement. La riposte s’organise et la course aura lieu le 14 avril 1935, une semaine avant le « Paris-Croisé-Laroche » !

La course coïncide avec les fêtes du Cinquantenaire de la coopérative La Paix : une institution roubaisienne qui permet aux ouvriers d’acheter du pain et du charbon moins chers et propose de nombreux autres services. De nombreux concerts et manifestations sont organisés dans la ville et l’harmonie « La Fraternelle » de Mouscron accueille les 150 coureurs sur la ligne d’arrivée historique de l’avenue Gustave Delory.

Quelques jours après, les différents organisateurs se félicitent du « brillant succès » de la course. C’est le coureur Decru, de Lens, qui remporte cette édition. Il reçoit une bicyclette offerte par le constructeur Robert Israel de Paris. Rendez-vous est donné le 5 avril 1936 pour la deuxième édition du « Paris-Roubaix travailliste » qui arrivera cette fois au vélodrome du Parc des Sports de Roubaix.

A partir de 1937, la course cohabite avec le Paris-Roubaix du journal L’Auto qui rétablit l’arrivée de sa course à Roubaix. « Paris-Roubaix travailliste » comptera 9 éditions (la dernière en 1949), ne s’arrêtant que pour cause de Seconde Guerre mondiale.

Illustration de droite : Jean Lebas félicitant le gagnant à l'arrivée de la course, 1935, 3 Fi 4275.

Les documents illustrant l'article et traitant du sujet du Paris-Roubaix sont consultables aux Archives municipales de Roubaix sous les cotes 1 I 239 à 252.

La course

3 Fi 4263, 1935, Archives municipales de Roubaix.

La course

3 Fi 4266, 1935, Archives municipales de Roubaix.

La course

3 Fi 4270, 1935, Archives municipales de Roubaix.

L'arrivée avenue Gustave Delory

3 Fi 4273, 1935, Archives municipales de Roubaix.

La décision du conseil municipal

1 I 239, Archives municipales de Roubaix.

L'Union des Commerçants du Centre

1 I 242, Archives municipales de Roubaix.

La toute jeune Fédération

1 I 242, Archives municipales de Roubaix.

Le Populaire

1 I 242, Archives municipales de Roubaix.

Le Peuple

1 I 242, Archives municipales de Roubaix.

Les cycles Hoel

1 I 242, Archives municipales de Roubaix.

Le gagnant de l'édition 1935

1 I 242, Archives municipales de Roubaix.

La première arrivée au Vélodrome

1 I 243, Archives municipales de Roubaix.