Savons en poèmes /

La publicité passe aussi par la présence dans la presse. Sous l’égide des frères Vaissier puis du seul Victor, le Savon du Congo, l'Eau tonkinoise sont présents dans de nombreux titres de la presse nationale, notamment sous la forme de petits poèmes. Une recherche, même très limitée, dans la presse locale révèle la prolixité des chantres du Savon du Congo. De janvier à août 1887, on découvre déjà une douzaine de poèmes à la gloire de ce produit dans le seul Journal de Roubaix. Et encore s'agit-il d'une période pendant laquelle les efforts des entreprenants savonniers ont vraisemblablement porté sur l'organisation de la cavalcade.

Ces poèmes vantent sur tous les tons les Savons du Congo. Ils recensent les qualités cosmétiques et hygiéniques du produit :

[…] Et vous, jeunes élégantes,

Pour conserver votre teint,

Servez vous, brunes et blondes,

De ce savon superfin. […]

[…] Pour combattre en été les miasmes délétères,

Et chasser le microbe, ennemi de la peau,

Assainissez vos bains, en mélangeant à l'eau

Un simple petit pain de Savon du Congo

Ils expliquent aux consommateurs le pourquoi d’une hausse des prix.

Ces poèmes font feu de tout bois pour amuser le lecteur et l’inciter à acheter « Congo » : mise en scène des Princes du Congo et de leur harems, convocation de figures célèbres censées avoir apprécié ce savon (Virgile, Hugo, Eiffel !...), anecdotes lestes ou vachardes pour inciter les dames à garder leur beauté et leur pouvoir de plaire. Le ton tour à tour colonialiste, raciste, misogyne étonne aujourd’hui, mais il faut le remettre dans le contexte de l’époque.

Cette inspiration semble peu à peu se tarir. Une recherche, réalisée sur la fin des années 1890 puis le début du 20e siècle, mais sur un panel de titres locaux plus large (Le Journal de Roubaix, L'Egalité de Roubaix-Tourcoing, La Croix de Roubaix-Tourcoing, L'Avenir de Roubaix-Tourcoing et Le Courrier de Tourcoing), révèle de petits entrefilets beaucoup plus sobres. Ils associent à la mention du produit « Savon du Congo » une sobre formulette : « Blancheur du teint » ; « Se méfier des contrefaçons » ; « Parfum pénétrant », ou encore « Hors concours 1900 produits hygiéniques ». Il est vrai qu'alors l'entreprise connaît un certain déclin, après des décennies 1880 et 1890 inventives et florissantes.


 

 

Poème publicitaire

Détail de la page 3 du Journal de Roubaix du 1er juillet 1887.

P 10100.