Savons en chansons /

Les 20 et 21 mars 1887, l’entreprise Vaissier frères organisent pour la mi-Carême un grand défilé, une cavalcade publicitaire et caritative dont le thème est la visite à Roubaix des très imaginaires princes du Congo et roi Makoko.

La musique est une composante importante de la fête. Les chars et groupes grimés sont souvent accompagnés de leur(s) orchestre(s). Le programme cite entre autres l’Orphéon de Brazzaville, les Musiciens du Bas-Niger, la Fanfare des Apfourous, le Corps de Musique de la tribu des Anzikos. Un des chars est même baptisé « Chars des chansonniers ». Le Journal de Roubaix du 22 mars 1887 rapporte à son propos : « Une bonne vingtaine de violonistes coiffés d'un bicorne marron et vêtus d'une tunique à raies jaunes, blanches et bleues, avaient pris place sur le char des chansonniers. C’était à qui d'entre eux aurait célébré, le mieux, le parfum du Savon des princes du Congo. »

Si cette musique (semble-t-il instrumentale, mais le programme officiel contient aussi une chanson) est voulue et organisée par les frères Vaissier, les chansonniers locaux ne sont pas en reste et reprennent abondamment l’événement.

Gustave Nadaud compose ainsi tout spécialement un ensemble de chansons «  pour les Fêtes de Charité données à Roubaix par MM. Vaissier Frères les 20 et 21 mars 1887 » qui est vendu 50 centimes « au profit des pauvres ». Nadaud écrit ainsi : « […] Les Savonniers, Les Chansonniers, Font une alliance sincère […] Les Savonniers, les Chansonniers toujours s'entendent - Quand pour les pauvres ils demandent. »

Henri Loridan écrit les paroles des Zoulous, chanson dans laquelle il imagine ces derniers venir rendre hommage au grand roi Makoko. Très inspiré par la circonstance, il signe aussi, semble-t-il, Les Eclopés à la Cavalcade des Princes du Congo, occasion pour cette société sise au café Saint-Georges de prendre part à la fête. Si Loridan ou encore Louis Foelix écrivent en français, d’autres (parfois les mêmes !) choisissent le picard à la roubaisienne. Ainsi L’Gros Guillaume, Louis Farvacque, etc.

La cavalcade de 1887 laissera de grands souvenirs aux roubaisiens, d’ailleurs ravivés en 1903. En effet, la ville de Roubaix, qui organise alors une cavalcade de bienfaisance pour récolter des dons destinés à la construction du nouvel hôpital, fait alors largement appel à l’expérience et aux ressources de Vaissier, issues de la fête de 1887.

Les Eclopés à la Cavalcade des Princes du Congo

Chanson composée (paroles) par H. Loridan à l’occasion de la cavalcade de1887, issue des collections de la Médiathèque de Roubaix.

CLASSEUR/CHANSONS 3/CH263.

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