A cheval sur deux siècles, Victor Vaissier (1851-1923) s'illustre par ses efforts pour vendre ses produits de beauté et d'hygiène d'une manière originale.
En 1878, ce roubaisien et ses deux frères suivent le chemin tracé par leur père, qui avait créé une savonnerie productrice en ses débuts des détergents destinés au lavage des matières premières de l'industrie textile. Mais bientôt, Victor semble vouloir pour l'entreprise une orientation que ses frères ne partagent pas. L'entreprise Vaissier frères, devenue dès 1883 Savonnerie du Congo, revient en 1888 entre ses seules mains et désormais, c'est le nom de Victor Vaissier qui sera souvent mis en avant.
Si Victor Vaissier reste dans les mémoires, d'abord avec ses frères puis seul, c'est par sa capacité à faire feu de tout bois pour vendre ses savons. Pour son produit phare, il s'empare d'un sujet d'actualité : l'exploration du Congo. Le Savon des Princes du Congo puis Savon du Congo bénéficie ainsi de la récurrence de ce nom propre dans la presse d'actualité. Les emballages peuvent développer une imagerie d'un exotisme fourre-tout qui rend le produit séduisant et bien identifiable. C'est tout ce que le publicitaire demande. Vaissier créera plus tard, dans le même esprit et à l'occasion de l'actualité russe (alliance avec la France, naissance de la fille du tsar), les savons Fleurs russes ou la ligne Violette Tatiana.
Si, au cours des années, les très nombreux produits sortis de l'usine utilisent des visuels et des emballages très divers, Vaissier axe l'univers de sa marque sur un ailleurs exotique et parfumé. Les Cavalcades roubaisiennes de 1887 et 1903 présentent une Afrique fantasmée. Le palais publicité dans la pierre qu'il fait bâtir par l'architecte roubaisien Dupire-Rozan évoque quant à lui une Inde fantasmagorique.
Au vu des documents conservés par la Médiathèque et les Archives municipales de Roubaix, nous souhaitons vous présenter les chansons qui ont égayé les défilés roubaisiens, mais aussi les poèmes à la gloire du savon dont Vaissier a inondé la presse locale (et nationale !), et enfin quelques exemples de ces emballages et étiquettes colorés qui tranchaient si fort avec les documents des grands noms du textile roubaisien.