Histoire du manuscrit d’Isabeau /

Nous savons que les « Heures furent conclues dès l’an 1460 ». Cet exemplaire unique rivalise avec les plus beaux manuscrits enluminés médiévaux. Comme le décrit L. Trénard dans Histoire de Roubaix, « Le livre d’heures comporte outre les heures du bréviaire, un certain nombre de prières en latin et des oraisons rédigées en français. Les dix-sept miniatures, les initiales et les arabesques rehaussées d’or finement serti, sont de véritables chefs-d’œuvre de précision. »

Plusieurs hypothèses sont avancées quant à l’auteur de cet ouvrage : certains y reconnaissent l’école de Jehan Fouquet, le peintre tourangeau. Une archiviste municipale, Elie Brun, retrouva en 1856 à la Bibliothèque nationale un manuscrit enluminé s’intitulant « Antiquités des Juifs par Josèphe » portant les armes de Roubaix et signé par Fouquet. Ce qui prouverait que Fouquet a travaillé pour la Maison de Roubaix et serait donc l’artiste des Heures d’Isabeau. La seconde thèse se tourne vers les artistes bourguignons qui ont œuvré pour Philippe le Bon durant toute cette période. Enfin, certaines critiques reconnaissent dans le style la main d’artistes flamands. Van Eyck lui-même, le véritable père de l’Ecole flamande, travailla pour la Maison de Roubaix, mais pour Jean III. C’est peut-être parmi ses élèves que la réponse pourrait se trouver.

L’ouvrage quitte la ville pendant la Révolution française, alors que les sœurs de Saint-Elisabeth se dispersent en emportant les souvenirs de leur fondatrice. Dès 1821, les maires successifs de la ville souhaitent le retour des différents manuscrits d’Isabeau. C’est en 1928 que ces derniers retrouvent leur place à Roubaix, dans les collections municipales. Fleurons du patrimoine municipal, ils témoignent de la splendeur du Roubaix médiéval.