La confection dans le scriptorium /

Dans le scriptorium (lieu où l’on écrit), les moines s’exercent au redoutable art de la calligraphie et de l’enluminure. L’organisation de la page dans un manuscrit enluminé obéit à des règles précises et fait intervenir successivement divers « corps de métier ».

Le texte est d’abord écrit à l’encre noire par le copiste, puis viennent les rubriques (lettres en rouge) qui mettent en évidence la première lettre d’un écrit. C’est le moine rubricateur qui en a la charge. Puis vient l’exécution des lettrines, belles majuscules peintes et souvent ornementées. Le copiste aura eu soin de laisser les espaces nécessaires pour le rubricateur et l’enlumineur (celui qui « éclaire » par ses illustrations).

Ce dernier va, selon la commande, décorer tout ou partie du feuillet : bordures, bandeaux, frontispices, voire illustrations en pleine page, n’épargnant ni son temps ni sa peine. La réalisation d’un manuscrit se compte en milliers d’heures. Les plus luxueux, comme Les très riches heures du Duc de Berry, comportent des illustrations supplémentaires exécutées sur une pleine page. Le manuscrit d’Isabeau en comporte seize, preuve de la munificence de l’ouvrage. Le peintre utilise tous les coloris, sauf le jaune qui est remplacé par l’or.

L’ouvrage est enfin cousu, relié et reçoit deux plats en bois, recouverts de cuir (les ais) sur lesquels viennent se placer les fermoirs destinés à maintenir bien serrés les feuillets de parchemin. Comme le livre était posé à l’horizontale, on garnissait les plats de clous et de coins en métal pour éviter toute dégradation.