Jean Lebas, un administrateur socialiste rigoureux /

Jean Lebas (1878-1944) grandit dans une famille ouvrière de gauche. Très tôt, il devient lui-même socialiste et rejoint le Parti Ouvrier Français. Après l'unification des socialistes et la création de la Section Française de l'Internationale Ouvrière, il devient secrétaire adjoint de la fédération SFIO du Nord, avant d’être élu conseiller municipal puis conseiller général.

Roubaix au profit de l'industriel Eugène Motte lors des élections de 1902, elle choisit Lebas, connu pour son extrême rigueur, comme candidat lors des élections de 1912. Lebas est élu. Il met alors en place un socialisme municipal. En faveur des jeunes, il fait construire des bâtiments scolaires plus grands. Pour lutter contre les maladies qui font des ravages dans les familles ouvrières, il fait ouvrir des dispensaires antituberculeux, un centre de cure, favorise les vaccinations et l'inspection médicale des enfants scolarisés. En matière de logement, il est le premier à faire construire des Habitations à Bon Marché (HBM), avant même la loi Loucheur : de 1923 à 1929, 775 logements sont construits. En matière d'assurances sociales, il crée le Fonds Municipal de Chômage. En matière de loisirs, il fait aménager le Parc des sports et une piscine (devenue le musée de La Piscine). Ces importantes dépenses n'empêchent pas le comptable Jean-Baptiste Lebas d'être très soucieux des finances municipales : il est particulièrement attaché à démontrer que les socialistes peuvent gérer aussi bien que la droite et les radicaux.

Première Guerre mondiale, Roubaix est envahie par les troupes allemandes. En 1915, Lebas est arrêté par les forces d'occupation pour avoir refusé de leur livrer la liste des jeunes de dix-huit ans, qui devaient être envoyés comme travailleurs de force en Allemagne. Il est interné à la forteresse de Rastadt jusqu'en janvier 1916, quand les Allemands le libèrent en France non occupée pour cause de maladie. Il reprend ses fonctions de maire en 1918 et le reste jusqu’à l'invasion de juin 1940. Jean-Baptiste Lebas prend alors la route de l'exode, mais revient rapidement. Déchu de ses fonctions par le régime de Vichy, il appelle dès août 1940 à la résistance, dans une brochure intitulée Le socialisme continue !. A la fin de l'été, il fonde l'un des tout premiers réseaux de résistance en zone occupée, l'« homme libre », avec un journal du même nom, lequel devient ensuite La IVe République. 300 militants socialistes suivent d'emblée le maire de Roubaix dans le combat contre le nazisme.

En janvier 1941, Jean-Baptiste Lebas fonde un Comité d'action socialiste (CAS) pour regrouper les socialistes résistants. Ce comité s'intègre au CAS de la zone occupée, fondé peu avant. Forte de son expérience de la clandestinité pendant la Première Guerre mondiale et de son effectif de militants, la fédération départementale du Nord est, sous la férule de Jean-Baptiste Lebas, à la pointe de la Résistance socialiste.

Mais dès le 21 mai 1941, Lebas est arrêté par la police allemande en même temps qu'un de ses fils et sa nièce, eux aussi résistants. De 1941 à 1942, ils vont de prison en prison, d'abord en France, puis à Bruxelles et Berlin. De sa prison, il conseille à ses amis socialistes de Roubaix de « garder la mairie », contrairement aux consignes du CAS.

Le 21 avril 1942, Jean-Baptiste Lebas est condamné à trois ans de travaux forcés. Il meurt en 1944. Sa dépouille rentre en France en août 1951.

Jean Lebas

Photographie, 1938, issue des fonds des Archives municipales de Roubaix.

Monument Jean Lebas

Carte postale, 1950, issue des collections de la Médiathèque de Roubaix.