Eugène Motte, grand industriel et jovial orateur /

Fils d’Alfred Motte, grand industriel à la fibre sociale, Eugène Motte fut un puissant homme d'affaires, tour à tour président de la Chambre de commerce de Roubaix-Tourcoing, président du Crédit du Nord, administrateur des Chemins de fer du Nord, de la Compagnie internationale de Suez, etc.

Il développe ses entreprises à Roubaix, mais aussi en Russie et en Pologne. Il est conseiller général, député du Nord, maire de Roubaix et longtemps l'adversaire local du socialiste Jules Guesde. Il fonde et préside la Fédération républicaine qui regroupe les républicains modérés et libéraux de centre-droit hostiles au Bloc des gauches.

En juin 1903, il prend brièvement la présidence de l'Union du commerce et de l'industrie pour la défense sociale, une association patronale politisée hostile au programme économique des partis de gauche. Il avait été invité à discourir devant les membres de l'Union l'année précédente, pour y présenter son action à Roubaix.

On lui doit les derniers aménagements du Parc Barbieux et la construction du nouvel Hôtel de Ville. C'est aussi sous son mandat que se déroule l'Exposition internationale du Nord de la France, en 1911. Les critiques concernant le coût de cette exposition expliquent en partie la défaite d'Eugène Motte aux élections municipales de 1912 face au socialiste Jean-Baptiste Lebas.

Sa façon de s’exprimer et sa proximité avec ses ouvriers (il fréquente les cabarets, parle le patois et a toujours un bon mot) lui valent une grande popularité parmi eux. Cette proximité, ainsi que diverses mesures sociales au sein de ses usines (caisses de retraites, soins médicaux gratuits, création de syndicats chrétiens) lui permettent d’augmenter la satisfaction de ses ouvriers et de faire reculer le socialisme[1].

Son attitude patriotique pendant la Grande Guerre durant l'occupation de Roubaix par les allemands lui vaut d'être interné en Allemagne en 1915 (il refuse de faire confectionner des sacs destinés à la protection des tranchées allemandes). Toutefois, il parvient à s'échapper et regagne la Belgique où il organise le ravitaillement de la France occupée. Par ailleurs, il s’était constitué prisonnier le 14 octobre 1914 lorsque les allemands occupant Roubaix avaient exigé des otages parmi les notables.

Un monument à la mémoire d'Eugène Motte est érigé à Roubaix en 1935[2].

[1] Felix-Paul Codaccioni, « Chapitre VIII – L’exaltation économique et humaine (1871-1914) », in Histoire de Roubaix, dir. Yves-Marie Hilaire, 1984.

[2] Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_Motte_%28homme_politique,_1860-1932%29, consulté le 10 mai 2017.

Eugène Motte (à gauche) et Victor Champier devant le pavillon des transports coloniaux à l'exposition internationale de Roubaix 1911

Photographie, 1911, issue des collections du musée La Piscine.

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Monument à la mémoire d'Eugène Motte

Carte postale, 1940, issue des collections de la Médiathèque de Roubaix.

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