Docs du mois - février 2025 - L'architecture à Roubaix /
L'architecture d'une ville ne se résume pas à un ensemble de bâtiments juxtaposés, mais constitue une identité visuelle qui façonne l'image de la commune. À travers elle, la ville se révèle, et son analyse nous permet d'en découvrir bien davantage. Le rôle de l'architecte est ainsi fondamental, car il joue un rôle central dans la conception et la métamorphose de l'espace urbain. Construire un bâtiment, ou en rénover un, est une décision sérieuse que le maire, les conseillers municipaux, les services de la ville, les différents partenaires et l'architecte travaillent conjointement. Ils doivent répondre aux besoins des habitants tout en respectant l’histoire de la ville.
Roubaix dénote par sa pluralité architecturale. Ici se mêlent différents styles : éclectisme régionaliste, art déco, brutalisme, style industriel… Cette diversité constitue un trésor patrimonial, un témoignage des transformations de la ville.
Déplaçons-nous à travers Roubaix. Commençons par le cœur de la ville, l’Hôtel de ville : édifice spectaculaire, représentatif de l’éclectisme de l’époque. Inauguré en 1911, et initialement pensé par Victor Laloux, auteur de la gare d'Orsay à Paris, il est devenu aujourd’hui un repère pour qui veut visiter Roubaix.
À proximité de l’Hôtel de ville, l’avenue Jean Lebas nous plonge dans l’histoire industrielle et prospère de la cité. Nombre des bâtiments qui bordent cette rue nous rappellent le passé de la ville. À noter qu’en 1992, les façades ont été repeintes, car le temps et la pollution avaient fait leur œuvre et noirci les pierres. Bleu, gris, ocre, marron et rouge éclatent désormais et ornent l’avenue, qui n’en est que plus majestueuse.
Non loin de la mairie se trouve un bâtiment à l’architecture un peu atypique. Non, ce cube de béton n’est pas un bunker surdimensionné, mais la médiathèque de Roubaix ! Achevée en 1979, ce sont les architectes Louis-Georges Noviant et Jean Dumont qui ont été en charge du projet. Avec son design (à première vue !) minimaliste, l'édifice est un représentant du style brutaliste, notamment caractérisé par l'utilisation de béton brut, et témoigne de l’engouement pour des formes architecturales simples, mais radicales, qui a marqué la deuxième moitié du XXe siècle.
En poursuivant notre exploration, on trouve l'ancienne usine Motte-Bossut, un bâtiment impressionnant au croisement du passé industriel et de l'architecture médiévale. Avec son style industriel mêlé d’influences flamandes, l’édifice se dresse comme un véritable château fort, marquant les esprits. Ce lieu, autrefois cœur battant de l’industrie textile, rappelle l’importance du patrimoine industriel de la ville, aujourd’hui reconverti en espaces de vie.
En se déplaçant de quelques mètres, on trouve le centre Mc Arthur Glen, qui possède une architecture très différente. En effet, cette longue rue, jalonnée de dizaines de magasins, ne vous fait-elle pas penser à l’avenue commerçante du parc Disneyland Paris ? Cette dernière étant elle-même inspirée des rues des villes américaines du début XXème siècle. De quoi contraster avec les barres d’immeubles qui se trouvent aux alentours et l’esthétique industrielle environnante.
Pour terminer ce parcours architectural, il est possible de parler des différentes pagodes asiatiques qu’abrite la ville de Roubaix. En effet, Roubaix est une des rares villes des Hauts-de-France à en présenter. Il s’agit de temples bouddhistes, telle la pagode laotienne Wat Lao Bouddhaviharn située au 214 Boulevard de Strasbourg. C’est un bâtiment qui nous rappelle la richesse multiculturelle de la ville, dans laquelle différentes cultures coexistent et où les parcours de vie se croisent et s'enrichissent mutuellement, tissant ainsi des liens forts entre les habitants.
Cette diversité architecturale est le témoin d’une évolution constante de la ville. Le bâti devient à la fois une mémoire vivante et un reflet des transformations passées, tout en incarnant les dynamiques du présent et du futur. Chaque rue, chaque bâtiment, chaque style raconte une histoire unique. À Roubaix, l’architecture ne se contente pas d’être un simple décor ; elle est un acteur essentiel de l’identité de la ville, un miroir de ses changements et de son devenir.
Illustration à droite : Carte postale de Roubaix, Médiathèque, 1970-1979.
Façades avenue Jean Lebas
Photographie, fonds Archives municipales, 310W151, 1998-1999.
Archives Nationales du Monde du Travail
Photographie, collection Daniel Labbé, 1990.
Chantier Mc Arthur Glen
Photographie, fonds Archives municipales, 310W78/1, 1998-1999.