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Docs du mois - août 2022 - Petite histoire du cinéma à Roubaix /

Quand le temps est inclément - canicule ou brouillard -, il reste une solution : les salles obscures. Nous vous proposons aujourd'hui un aperçu de l'histoire du cinéma à Roubaix.

Roubaix est une ville de spectacle : on peut citer ses théâtres (ainsi le Théâtre de l'Hippodrome, celui du Fontenoy), le vélodrome créé en 1896, le Paris-Roubaix en 1897, le torodrome en 1899, sa tradition festivalière, etc.. Roubaix est également une ville qui a un grand intérêt pour la nouveauté. Elle accueille donc à bras ouvert le cinéma.

La première projection du cinématographe Lumière, invention des frères Lumière datant de 1895, a lieu le 27 avril 1896 dans l’arrière-salle d’un estaminet situé rue Neuve (aujourd’hui rue du Maréchal Foch). Dans l’arrière-salle d’un estaminet, oui ! A ses débuts, le cinématographe s’installe en effet là où il y a de la place, notamment dans les foires (où il est présenté comme une curiosité, au même titre que les rayons X).

La vocation première du cinématographe est, pour ses créateurs, de représenter la réalité, la vie quotidienne. Le cinématographe est considéré comme un outil journalistique, d'ailleurs on parle alors d’Actualités. Mais peu à peu, et notamment avec le cinéma de Méliès, le public se passionne pour la fiction en images, pour le cinéma dit d’attraction (en opposition au cinéma des Lumière ou vues cinématographiques). Autre évolution : les pellicules projetées dans les foires finissent par s’user, le public se lasse des images de mauvaise qualité. Les cinématographes s’installent alors dans la cité, dans les salles de théâtre où le public assiste à des projections de petits films mettant en scène les vedettes des concerts parisiens comme Mayol, Dranem.

En 1907 paraît un arrêté assujettissant le fonctionnement du cinématographe à une autorisation municipale dépendant de plusieurs critères. Le cinématographe doit ainsi être installé au rez-de-chaussée et placé dans une salle affectée à cet effet. Rappelons que dix ans plus tôt, en 1897, s’est produit la catastrophe du Bazar de la Charité, incendie engendré par une lampe de projecteur (et aggravé au contact de la pellicule hautement inflammable). Il s’agit donc de sécuriser les projections.

Mais revenons à Roubaix. Des cafés-cinémas se créent autour de la Grand'Place, de la Grande Rue et de la rue Pierre Motte. Mais ils vont peu à peu disparaître, à cause des exigences en fait de sécurité et des évolutions techniques qu'ils ne peuvent suivre.

C’est ainsi qu'à Roubaix aussi, le cinématographe s’installe dans les salles des fêtes, de bal et les théâtres, lieux plus vastes et plus adaptés. Ainsi le théâtre du Fontenoy (ou théâtre Deschamps) qui, fortement concurrencé par l’Hippodrome, décide de s’ouvrir au cinéma afin de maximiser ses revenus. Beaucoup de salles (des fêtes, de bal, etc.) se reconvertissent et ce, dans chaque quartier. Salle Sainte-Cécile s'installe l’un des cinémas les plus importants de la ville. Il change de nom par la suite pour s’appeler Radio-Ciné (vétuste, il disparaît dans les années 1960). On peut mentionner aussi le cinéma de la Vigne ; le Royal Leleu, rue de l’Alma, qui cesse ses activités avant les années 1980 ; l’Alcazar-cinéma, rue de Tourcoing, qui existe jusque dans les années 1970 ; le Casino-Palace, qui apparaît dans la presse en 1913. Ce dernier propose un programme varié qui inclut le cinéma (des productions Pathé) au milieu de numéros comiques, d’illusionnistes, de chanteurs, etc. Le Casino-Palace devient la plus grande salle de concert-cinéma de Roubaix. En 1918, la municipalité y organise des séances au profit des orphelins de guerre. En 1913 ouvre également le Gaumont Palace, rue du Curé, surnommé le « Gaumont Kursaal ». Les projections y sont accompagnées d’un orchestre symphonique et de chants.

Pendant la Première Guerre mondiale, les salles roubaisiennes ferment leurs portes. Lorsqu’elles rouvrent, on varie les programmes et on ne parle plus de Cinématographe, mais désormais de « cinéma ». Les années qui suivent sont riches : dans les années 1920, c’est l’âge d’or du cinéma muet que l’on retrouve à l’affiche des salles roubaisiennes.  Dans les années 1930, le parlant apparaît (Le Chanteur de jazz, considéré comme le premier film sonore). C’est également l’époque où se diffuse largement le cinéma américain (Chaplin, Keaton, les Marx Brothers, Laurel et Hardy, Disney).

Cette diffusion massive du cinéma américain est interrompue par la Deuxième Guerre mondiale : l’Occupation allemande s’accompagne d’une forte censure et d’un contrôle important des programmes. Pendant ces années, le cinéma français est relativement prolifique ; les français trouvent avec le cinéma un refuge dans l’imaginaire. A l’affiche des salles roubaisiennes, comme partout en France, ce sont les films de Duvivier, Carné, Renoir que l’on peut voir. Ceux-ci mettent en scène des acteurs français : Danièle Darrieux, Fernandel mais aussi Viviane Romance, actrice née à Roubaix.

Après la guerre, les salles sont réaménagées, reconstruites, etc. Dans les années 1950, nouvelle innovation technique du cinéma : le cinémascope (les images sont plus larges). Le premier film en Cinémascope est La Tunique de Henry Koster. Le Colisée est le premier cinéma, après le Rex de Paris, à diffuser le film.

Dans les années 1960, la fréquentation des salles baisse. Sans aucun doute à cause de la télévision qui commence à entrer dans les foyers. De nombreuses salles ferment leurs portes.

Le mot de la fin sera pour achever l'histoire du Casino-Palace, qui ferme en 1978. Il devient le Club 7, complexe de 7 salles, qui deviendra à son tour les Arcades avant de fermer définitivement ses portes en 1998. Il s’agissait à l’époque de la dernière salle roubaisienne. En 1998, il n’y a donc plus aucune salle de cinéma. Avant… Le Duplexe en 2004.

Café-cinéma rue Motte

Le café-cinéma "Au retour du sapeur pompier" tenu par A. Delcroix et situé rue Pierre Motte. Carte postale, vers 1912.

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Le théâtre Deschamps

Carte postale, vers 1909.

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Dans l'entre-deux-guerres, une offre importante

A Roubaix, en 1926 : le Central Ciné-Théâtre, l’Universel-Cinéma, The Royal Leleu, la Salle Sainte-Cécile, le Ciné-Bal Florimond, le Ciné-Dubus, le Modern’Cinéma… Extrait de la page 5 du Journal de Roubaix du 21 novembre 1926.

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Le Royal Leleu

Le Royal Leleu, situé rue de l’Alma, diffusait semble-t-il des films d’action et d’épouvante comme on le voit sur cette illustration (affiche de Nitchevo, l’agonie du sous-marin, sorti en 1936).

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Le Royal Leleu

En 1921, on pouvait voir au Royal Leleu (ainsi que dans d'autres cinémas de la ville) Le gosse de Charlie Chaplin.

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Le Casino-Palace

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L'après-guerre au Casino-Palace

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Le Gaumont-Palace

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Viviane Romance dans La Boîte aux Rêves

Affiche du film, 1944.

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Le Cinémascope au Colisée

Livret-programme, 1953.

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Le Casino-Palace devient le Club 7

Photographie. Novembre 1978 ?

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Emplacement du futur Duplexe

Photographie, 1999.

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