Poésie et astronomie /

1834, Victor Hugo se rend à l’observatoire de Paris où François Arago – astronome, physicien (1786-1853) – lui montre la lune et ses cratères dans une lunette astronomique. Cette expérience marquante, l’écrivain la relate dans un de ses textes intitulé Promontorium Somni : «  Je le répète, l’impression est étrange. On a vaguement dans l’esprit toutes les choses que je viens de dire, et d’autres de même sorte ; c’est ce qu’on appelle la science de la lune, on roule cela confusément en soi, et puis par aventure, on rencontre un télescope, et cette lune, on la voit, et cette figure de l’inattendu surgit devant vous, et vous vous trouvez face à face dans l’ombre avec cette mappemonde de l’Ignoré. L’effet est terrifiant. Autre chose que nous tout près de nous. L’inaccessible presque touché. L’invisible vu. Il semble qu’on n’ait que la main à étendre. Plus on regarde, plus on se convainc que cela est, moins on y croit. ». Et il n’y a qu’à feuilleter Les Contemplations pour retrouver dans la poésie de Victor Hugo ces questionnements :

« Il savoure, éperdu, l’immensité sacrée,

La contemplation du splendide empyrée,

Les nuages de crêpe et d’argent, le zénith,

Qui, formidable, brille et flamboie et bénit,

Les constellations, ces hybrides étoilées,

Les effluves du sombre et du profond, mêlées

A vos effusions, astres de diamant,

Et toute l’ombre avec le rayonnement ! »

Les Contemplations : extrait du poème IV /Victor Hugo.- Edition exposée : ouvrage issu du Leg Destombes, bibliothèque personnelle léguée et conservée à la Médiathèque.- Paris : J. Lemonnyer éditeur, 1886  (Cote : L/D 2699)

De nombreux textes issus d’époques différentes abordent ce thème. Déjà, au 17e siècle, La Fontaine à travers la fable « Un animal dans la lune » soulevait la question de la relativité des points de vue ; ce que nous voyons depuis la terre ne correspond pas à la réalité :

« J’aperçois le soleil : quelle en est sa figure ?

Ici bas ce grand corps n’a que trois pieds de tour ;

Mais si je le voyais là haut dans son séjour

Que serait-ce à mes yeux que l’œil de la nature,

Sa distance me fait juger de sa grandeur ;

Sur l’angle et les côtés ma main la détermine ;

L’ignorant le croit plat, j’épaissis sa rondeur ;

Je le rends immobile, et la terre chemine.

Bref je démens mes yeux en toute sa machine. »

Fables : extrait de Un animal dans la lune / Jean de La Fontaine.- Edition exposée : ouvrage illustré  des dessins de Gustave Doré.- Paris : Librairie de L. Hachette et Cie, 1868 (Cote : MAG L/P Fol/300 795)

 

Dessin de Gustave Doré

Dessin de Gustave Doré illustrant la fable de La Fontaine Un animal dans la Lune – Live septième, Fable XVIII.