La photo sans appareil : le photogramme /

Parmi les premières expériences photographiques apparues au cours des années 1830, figure celle du photogramme. William Henri Fox Talbot en élabore le principe : il imprègne de simples feuilles de papier à écrire dans des solutions de sels et de nitrates d'argent, y place des objets au-dessus et les expose ensuite à la lumière. Les sels d'argent réactifs à la lumière noircissent uniquement là où la lumière les a touchés. La première image photosensible est née.

Appréciée par les scientifiques du 19e siècle, la photographie sans appareil est utilisée dans un premier temps par les médecins et herboristes qui fixent les formes et les contours des plantes, des racines et des feuilles grâce à ce procédé. Après la Première guerre mondiale, les artiste s'en emparent. En 1916, Christian Schad est le premier qui détourne le procédé à des fins artistiques pour créer des formes aléatoires à partir d'objets de récupération. Ami des dadaïstes, il partage sa démarche avec Tristan Tzara qui publie en 1920 les premiers photogrammes appelés alors Shadogramme1 dans sa revue le Dadaphone.

Un photographe professionnel, Man Ray, s'empare alors de la redécouverte. Il lui donnera plus d'ampleur en l'adossant au projet Dada puis surréaliste de l'entre deux guerre.

Le Photogramme séduit les dadaïstes puis surréalistes par sa dimension relativement aléatoire, son aspect récupération et bricolage et sa dimension magique et fantasmagorique.

A la sortie de la Première guerre mondiale, cette ré-invention et ce détournement furent valorisés par des artistes de plusieurs nationalités : Allemande, Américaine, Roumaine. Ces artistes réunis à Paris participent au formidable mouvement de réappropriation du rêve après les cauchemars des tranchés. Le photogramme est une part de ce rêve.

Photogramme

Photogramme réalisé par William Henry Fox Talbot en 1834.