C'est dans les bestiaires que s'affirme le rôle symbolique de l'animal. Destinés à l'édification des chrétiens, les bestiaires prêtent aux animaux des personnalités et des sentiments comparables à ceux des hommes. Les traits observés ou supposés des bêtes aident à dessiner une psychologie des humains. Car l’animal est aussi un miroir : on remarque plus facilement les qualités et les défauts des autres que les siens.
L’animal dans l’enluminure médiévale est le vrai compagnon de l’homme. Parce qu’il est ce compagnon et ce miroir de l’homme, l’animal, même lorsqu’il est rêvé et transposé, est d’abord aimé et regardé. A travers ces animaux, c’est un amour émerveillé du monde qui s’exprime et qui nous est offert.
« Les bêtes ont été créées pour servir à l’homme non pas seulement en matière de nourriture, mais aussi pour lui fournir des médicaments. Certaines nous ont été données pour nous venir en aide, comme le cheval, le chameau et leurs semblables... d’autres nous ont été données pour notre divertissement, comme les singes, les chiens et plusieurs autres espèces de bêtes ... certaines nous ont été données pour que nous prenions conscience de notre fragilité, comme les puces et les autres vermines qui naissent de notre pourriture ; d’autres nous font redouter Dieu et sa puissance : les lions, les ours et les serpents, par exemple, nous font craindre et invoquer Dieu, à cause de la peur que nous éprouvons de ces bêtes. » Livre des propriétés des choses de Barthélémy l’Anglais ; trad. En français par Jean Corbechon.- Manuscrit, vers 1372