Société de (sur)consommation /

L’exubérance est toujours de mise dans les années 1980. Cependant, si elle se manifeste encore dans le style, elle le fait aussi dans les comportements. A cette époque, on consomme la mode ! C’est le résultat de la crise qui touche durement le secteur textile, elle-même liée en partie aux chocs pétroliers de 1973-1977, qui induit un accroissement des importations de tissus et habits en provenance des pays en voie de développement, et tout cela dans un mouvement fort de mondialisation. Les décennies 1970 et 1980 sont celles des délocalisations d’entreprises, qui mettent à l’agonie le secteur du textile, et qui mènent au marketing et à la surconsommation. Le luxe est ostentatoire, et on assiste d’ailleurs à une véritable logomanie, qui n’a rien à voir avec le fait de beaucoup parler, mais qui dénote un véritable business autour des marques et de leurs emblèmes. Enfants et parents veulent être vêtus d’habits estampillés de noms. D’où les incontournables LC Waikiki, Fila, Poivre Blanc, Chevignon, Ellesse

Dans cet esprit se développent les enseignes de prêt-à-porter bon marché, qui sont clairement dans la recherche de profit, et non pas de création ; chacun cherche à y dénicher LA pièce à la mode, que tout le monde porte déjà. Cette florissante économie des marques mène évidemment à des dérives : les contrefaçons se développent.

Ajoutons à cela que le culte du corps ayant encore gagné en popularité, la taille unique a été développée (en anglais, One Size Fits All littéralement « Taille unique convenant à tous »). Dans le même esprit, ce que l’on appelle communément le lycra (de la marque commerciale Spandex-Lycra, soit de l’élasthanne) devient très populaire, par ses aspects moulants et confortables.

Le « total look » apparaît aussi à cette époque, consistant à se vêtir dans un seul et même thème de bas en haut, que ce soit en style, en couleur, en matière. Le noir est aussi mis en avant, tant pour les hommes que les femmes, on le trouve chic ! On le retrouve aussi chez les enfants, mais avec des mélanges entre bariolés et motifs.
D’ailleurs, les enseignes pour enfants progressent fortement. On en trouve pour tous les âges et tous les styles : les grenouillères Natalys ou Absorba pour les nouveaux-nés, les vêtements et sous-vêtements confortables de Petit Bateau, la mode BCBG de Jacadi avec les robes à smocks ou les culottes de flanelle. Et contrairement à leurs parents, ils privilégient les salopettes et les pantalons de jogging aux jeans.

Le style urbain de cette décennie est en lente mutation. On retrouve toujours un jeu sur les codes du masculin-féminin et la confusion des genres, mais là, la femme peut être hyper féminine, et l’homme se rue sur le porter sport.

Les styles de cette époque se veulent un peu moins expansifs, mais la mode tient toujours une place importante.


Naf-Naf : salopette en coton

Été 1983.

Crédits photographiques : Paris, archives Naf-Naf.

Agnès B. : création de prêt-à-porter

Cardigan de coton noir pressionné et jupe paréo imprimée.

Crédits photographiques : Paris, archives Agnès B. DR.

Agnès B. : création de prêt-à-porter

Veste et pantalon dépareillés. Collection Automne-Hiver 1983-1984.

Crédits photographiques : Paris, archives Agnès B. DR.

Kenzo : costume rayé

Collection Printemps-Été 1987.

Crédits photographiques : Paris, archives Kenzo © Katsuo Hanzawa. Mannequi  : Moose/Agence Bananas.