L'influence des cabarets et estaminets /

Le lieu de politisation privilégié de la classe ouvrière de l’époque est le cabaret. En effet, la population ouvrière étant en grande partie illettrée (48 % des adultes lors du recensement de 1872[1]), le partage d’idées politiques ne peut se faire via les seuls journaux. Les cabarets, souvent tenus par d’anciens ouvriers congédiés qui ont transformé leur maison en y installant quelques chaises, une table et un tonneau, sont un lieu de rencontre très prisé et font partie intégrante de la vie quotidienne de la classe ouvrière qui s’y retrouve après le travail. En 1893, Roubaix compte plus de 1600 cabarets. Les chansonniers s’y produisent, chantant souvent des chansons conspuant les patrons, en en vendant les paroles pour un franc qui sert à remplir une caisse de solidarité ouvrière. Les chambres syndicales y ont souvent leur siège, et de nombreux groupes politiques s’y réunissent. C’est de là que viendra la politisation croissante des ouvriers et leur organisation en classe agissante[2]

[1] Article de Pierre Deyon, in Histoire de Roubaix, 1984. Voir bibliographie.

[2] Jacques Prouvost, Etude de la vie politique de Roubaix, 1959. Voir bibliographie.

Cabaret roubaisien

Carte postale, 1908, issue des collections de la Médiathèque de Roubaix.

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