Au-delà des contraintes du site, du programme, et de l’allure propre aux bâtiments alentours (la Poste, la nouvelle Caisse d’épargne), quel a été le choix stylistique des architectes ?
Consulté, l’Animateur du Patrimoine de Roubaix[1] a rendu son verdict : le bâtiment relève d’un brutalisme tempéré.
Le brutalisme est un style architectural d’origine anglo-saxonne, développé et apprécié des années 1950 aux années 1970, déprécié par la suite. Le nom même de ce style vient de son matériau favori (le béton) et de la manière de l’utiliser : brut, et même brut de décoffrage. Les réalisations brutalistes sont massives, anguleuses, sans fioritures : cela s’applique assez bien à la bibliothèque de 1979, ce cube blanc aux allures de bunker ou de château fort.
Rappelez-vous les étroites ouvertures du rez-de-chaussée et de la rue du Château, semblables à des meurtrières ; ou encore le « chemin de ronde » qui donne sur le patio, au 3e étage. S’ils aiment le béton, les projets brutalistes ne dédaignent pas la pierre, le verre, le métal : vrai encore avec notre bâtiment, dont les huisseries métalliques foncées tranchent sur les parements clairs.
Brutalisme, mais brutalisme tempéré : certes austère, la bibliothèque voit la ville et se laisse voir grâce aux larges baies côté rue Motte. Quoique sévères et sans décor, les façades s’habillent de placages blancs.
Ce style architectural compte finalement peu d’exemples dans la métropole. À Roubaix même, on peut citer le centre commercial Roubaix 2000 : mêmes lignes horizontales, mêmes jeux de verre ; ou encore le cabinet médical devenu pôle Laënnec. On peut penser aussi à l’université Charles de Gaulle – Lille 3 (Villeneuve d’Ascq) de Pierre Vago, au palais de justice (Lille) de Marcel Spender et Jean Willerval, voire au musée d’art moderne (Villeneuve d’Ascq) de Roland Simounet.
Patio intérieur du centre commercial Roubaix 2000, 1979.
Diapositive couleur issue des collections de la Médiathèque de Roubaix, fonds Delvarre.