Le canal : flânerie roubaisienne /

Fiche 5 : approche scientifique et technique, du projet à la réalisation par le plan

Les principaux éléments de mathématiques et la culture scientifique et technologique.

I – Des dessins très spécifiques

1) Distinguer le document qui représente la réalité du document qui représente un projet

>> Si l’on compare ces deux images, laquelle a été produite en premier ? En second ?

Illustration 1 et 2

- Le premier document est une photographie, elle présente un bâtiment construit.

On voit ici une maison pontière terminée, telle qu’elle a été bâtie. Cette photographie illustre un article de journal paru le 27 août 1959.

- Le second document propose un ensemble de représentations de la maison pontière alors qu’elle n’existait pas encore. Il devait permettre aux autorités de visualiser le projet pour le valider ; il a aussi servi à guider précisément la localisation et la construction de la maison. C’est bien ce document qui a été produit en premier : il date de la fin du XIX^e siècle.

2) Pourquoi a-t-on besoin de documents spéciaux pour décrire et concrétiser un projet ?

Quand un projet est aussi complexe que le creusement d’un canal ou la construction de ses équipements (ponts, écluses, maisons pontières, maisons éclusières, etc.), il devient difficile de se contenter d’un texte ou d’un croquis pour se faire comprendre de tous. D’autant que tout le monde doit comprendre la même chose : financeurs, ingénieurs, chefs de chantier, ouvriers de différents corps de métier.

Avec des mots, avec des croquis à main levée, ce serait long, peu précis, et sujet à l’interprétation. Même la perspective, qui est un bon moyen de donner une idée des proportions d’un bâtiment, ne le montre pas sous toutes ses faces ni ne précise toutes les dimensions.

Quels sont les outils qui permettent de décrire précisément un projet ? Qui font que chacun visualise de la même manière, et précisément, quelque chose qui n’existe pas encore ?

Par exemple, dans le cas qui nous occupe, comment faire en sorte que les ingénieurs et les ouvriers sachent exactement où doit être creusé le canal ? A quelle profondeur ? Avec quelle largeur ? Avec quel profil de berge ?

Ces outils sont les plans et les dessins techniques.

3) Quelles sont les caractéristiques de ces documents ?

a - Des représentations conventionnelles voire normées

>> Dans ce dessin, que représentent le bleu ? Le jaune ? Le rose ? Les parties hachurées ? La flèche en haut à gauche ?

Illustration 3

On parle de représentations conventionnelles dans le sens où le producteur du document et celui qui le consulte se sont tacitement mis d’accord que telle représentation correspond à telle réalité.

Par exemple, une de ces conventions est la suppression de l’une des trois dimensions : le plan ci-dessus conserve la longueur et la largeur, mais pas la hauteur. C’est en quelque sorte une vue de dessus.

Autre convention : la couleur. Le canal et le ruisseau du Trichon sont ici représentés en bleu, même si la couleur réelle de leurs eaux tire en réalité vers le vert, le gris ou le brun.

Ce plan met aussi en place une convention qui lui est propre : la signification des espaces représentés en jaune et en rose (dans la légende).

Les symboles sont un autre type de convention. La flèche en haut à gauche du plan donne l’orientation nord-sud de ce plan.

On peut noter que si un plan peut adopter des conventions internes qui servent le but qu’il se propose (ici les couleurs jaune et rose), dans le cadre du dessin technique ou dessin industriel, ces conventions sont fixées une fois pour toutes au niveau national voire international. Tout est normé parce que tout fait sens : l’épaisseur du trait, les types de hachures, les symboles, etc.

b - Un maximum d’informations pour un but unique : la compréhension et la réalisation

>> Quelles sont les informations proposées par le document ci-dessous ?

Illustration 4

> Réponses possibles :

• localisation de la maison vis-à-vis du canal et au sein du quartier (petit plan circulaire en haut à gauche)
• localisation de la bâtisse au sein de la parcelle (plan de gauche)
• échelles
• identité du producteur du plan
• aspect futur de la bâtisse (dessin aquarellé de deux des façades de la maison)
• dimensions (cotes)
• grandeur relative et superposition des pièces de la maison (vue en coupe)
• dimensions et destination des pièces de la maison (plan en vue de dessus de chacun des étages)
• etc.

Ce document, particulièrement soigné (remarquer l’encadrement du titre, ornementé à l’imitation d’un parchemin, et le double encadrement coloré qui évoque un passe-partout), était vraisemblablement destiné par l’architecte aux décideurs et financeurs de cet équipement. Il donne déjà de nombreuses informations sur la maison : sa localisation par rapport au canal et au sein de la parcelle, la distribution des pièces, l’aspect général…

On peut penser que les ingénieurs et chefs de chantier ont davantage utilisé des documents tels que le plan en couleur présenté plus haut dans cette fiche, pour la même maison pontière. Très précis, il donne des dimensions fines (cotes), présente des coupes et des dessins en transparence montrant par exemple l’emplacement des cheminées et de l’escalier.

Remarque : le dessin technique utilise tout particulièrement les vues, coupes et sections.

L'objet est souvent représenté selon plusieurs vues présentées selon un ordre donné : de face, de l’arrière, de dessus, de dessous, de gauche, de droite.

Une vue en coupe permet de faire apparaître certains détails qui sinon seraient cachés à un observateur extérieur. C'est en quelque sorte une vue écorchée.

Quant à la section, elle représente une fine tranche de la pièce.

Tous ces dessins assemblés permettent une fabrication sans erreur de la pièce dessinée.

II – Types de plans et représentations techniques au sein de l’exposition virtuelle

1) Plan général du canal dans la métropole Nord-Ouest

Illustration 5

On peut noter ici, pour illustrer l’aspect conventionnel d’un plan, le choix des couleurs pour mieux distinguer, par contraste, les différentes communes et parties de communes.

2) Coupe géologique du canal de Roubaix

Illustration 6

Ce document est une coupe géologique. Elle présente la stratification des sous-sols selon une ligne de coupe.

Pour ouvrir la discussion sur l’aspect purement utilitaire d’une représentation technique, ou sur le fait qu’elle décrit une chose à venir, on peut noter que tous les documents précis et normés ne servent pas forcément à figurer ce qui n’existe pas encore et doit être réalisé ; ils peuvent aussi représenter le fruit de recherches sur les territoires (comme les cartes) ou comme ici sur les sous-sols, pour l’amour de la connaissance en quelque sorte.

Cependant, même si les géologues de l’époque ont réalisé cette recherche et dessiné ce document peut-être sans autre but que d’en savoir davantage, ce document a dû être très utile aux ingénieurs qui ont décidé du tracé du canal.

3) Bleu technique

Illustration 7

Ce document illustre bien la succession de vues de profil, de dessus, de l’arrière, etc. qu’adoptera le dessin technique.

Pourquoi est-il bleu ? Il faut se souvenir qu’au XIX^e siècle et pendant la majeure partie du XX^e siècle, les imprimantes de bureau et les photocopieuses n’existent pas. Pour dupliquer un document, il faut soit le recopier, soit le faire imprimer avec des techniques d’imprimerie coûteuses.

Les architectes et ingénieurs du XX^e siècle disposent cependant d’un papier spécialement préparé sur lequel ils décalquent les lignes principales de leur dessin original : sur la copie qu’ils obtiennent, les lignes sont blanches sur fonds bleu. Aucun changement d'échelle n'est effectué puisque le transfert des informations de l'original vers la copie se fait par contact (penser au papier carbone que les plus de 35 ans ont dû connaître !).

4) Projection sur photographie

Illustration 8

Au début de la fiche, ont été opposés une photographie comme reflet d’un objet réel et un plan comme projection d’un objet à construire.

Aujourd’hui, grâce aux logiciels de gestion d’image et d’infographie, des éléments de projet peuvent être superposés à l’existant, comme ici, où un périmètre de zone à transformer apparaît sur une photo aérienne.