Savourer les douceurs de saison /

      Pour les plus gourmands, l’hiver est une bonne excuse : le sucre apportant réconfort et douceur, on culpabilise moins en dévorant les spécialités de cette saison. La coquille par exemple (ou « queugnot » à Arras, « quignot » en Picardie ou encore « cougnole » dans le Hainaut), brioche allongée dont les extrémités sont étranglées pour en faire deux boules, afin de lui donner l’allure d’un baigneur (le P’tit Jésus) et dont les deux extrémités symbolisent le temps passé et le temps futur[1]. A déguster avec un bon café ou à tremper dans son chocolat chaud, elle aide à tenir jusqu’à la fin de l’après-midi.
      C’est la période de la bûche : pas un réveillon ne se termine sans ce dessert dégusté depuis si longtemps. Bernard Coussée, dans Traditions et recettes en Nord-Pas-de-Calais, nous apprend qu’elle est associée à l’idée de feu : « quand nos aïeux aimaient veiller devant la cheminée, celle-ci devait brûler durant les 12 nuits qui séparent la Nativité de la fête des Rois ». Avant d’être allumée, « la bûche était bénite ou aspergée de vin chaud, de pain ou de sel. On la laissait se consumer et s’éteindre d’elle-même, puis on la rallumait chaque soir. […] Les flammes sont symboliquement vécues comme un nouveau feu associé à la victoire du soleil sur les ténèbres au solstice d’hiver. […] Les charbons et les cendres sont conservés, car ils portent bonheur. Ils préservent du mauvais sort, favorisent les récoltes et rendent la vigueur  […] à [nos] organismes défaillants. La disparition des âtres a favorisé le remplacement de la bûche en bois par une autre faite de crème et de moka que l’on fait disparaître aussi : le symbole demeure ! »
      Normalement la galette des rois, dessert de la fête des Rois, n’est dégustée que 12 jours après la Nativité : cette fête commémore l’adoration de l’enfant Jésus par des rois venus d’Orient, guidés par une étoile. Le point d’orgue de la fête des rois est l’élection d’un roi par le tirage au sort opéré à partir d’une fève cachée dans une galette. Le plus jeune de l’assemblée se cache sous la table et désigne la personne qui reçoit la part de galette après la traditionnelle question « pour qui cette part ? ». L’épiphanie est maintenant située le 1er dimanche de janvier, mais on trouve la galette à la frangipane ou aux pommes dès le début du mois de décembre, alors il est parfois difficile d’attendre jusque-là…

[1] Coussée, Bernard, et al., Traditions et recettes en Nord-Pas-de-Calais, Lille : Ed. La Voix, 2014, collection « Secrets du Nord », p. 15.

Carte de voeux

Collections de la Médiathèque de Roubaix.