Me connaissez-vous ? Le poisson être vivant /

Voyez la définition que donne le Petit Robert 2013 : « Animal vertébré inférieur, vivant dans l’eau et muni de nageoires. » C’est un peu sec, je trouve. Rien à voir avec les envolées lyriques de ce cher Lacépède, le grand naturaliste : « […] ce corps des poissons est presque toujours paré des plus belles couleurs. Nous pouvons […] exposer comment se produisent ces nuances si éclatantes, si admirablement contrastées, souvent distribuées avec tant de symétrie et quelquefois si fugitives. ».

Au sujet des savants naturalistes et de la taxinomie (la science des lois de la classification, ici la classification biologique), vous seriez-vous doutés que la classe des poissons comprend 20 000 espèces ? Qu’elle regroupe « les chondrichtyens (poissons à squelette cartilagineux, tels les raies et les requins) et les ostéichtyens (poissons osseux) » ? Que ces derniers « comportent un groupe dominant, les téléostéens (carpe, anguille, saumon, perche, etc.), et divers petits groupes de poissons primitifs ou spécialisés : chondrostéens (esturgeon), […] crossoptérygiens (coelacanthe) », etc. ? Je sens que je vous fais rêver. Le grand Jules Verne, qui aurait mérité de naître poisson, explique cela très bien dans un passage de Vingt Mille Lieues sous les Mers. Le savant Aronnax, son serviteur Conseil et le harponneur Ned Land, précipités à la mer, ont été recueillis par le capitaine Nemo à bord du Nautilus. Un vaste hublot s’ouvre dans le flanc du sous-marin et les trois hommes admirent les poissons qui nagent sous leurs yeux. Conseil prend la parole :

« - Ami Ned, vous êtes un tueur de poissons, un très habile pêcheur. Vous avez pris un grand nombre de ces intéressants animaux. Mais je gagerais que vous ne savez pas comment on les classe.

- Si, répondit sérieusement le harponneur. On les classe en poissons qui se mangent et en poissons qui ne se mangent pas !

- Voilà une distinction de gourmand, répondit Conseil. Mais dites-moi si vous connaissez la différence qui existe entre les poissons osseux et les poissons cartilagineux ? »

J’ignore si vous, vous connaissez la différence mais, en tout cas, vous associez sûrement le poisson à quelque chose : l’inconscient, la fertilité, le paléochristianisme… Vous autres, humains, adorez faire d’un objet le signe d’un autre objet ou même d’une idée ; en un mot, un symbole. C’est bizarre mais c’est comme ça.

Histoire naturelle

Histoire naturelle de Lacépède. T.II. .- Paris : Furne, 1839 (MAG L/P 4/207 399).

Vingt mille lieues sous les mers

Vingt mille lieues sous les mers . Première partie / Jules Verne.- Paris : Hachette, 1923 (MAG L/P 8/115 149).