Les Ponts Nyckees /

Lorsque le 1er janvier 1877, on inaugure le nouveau canal contournant Roubaix par le nord, on prévoit que les péniches pourront relier la Deûle et l’Escaut directement. Le premier pont du Galon d’eau (selon sa dénomination officielle du plan cadastral de 1884), ou pont Nyckees (d’après le nom du cabaretier-agent de douanes du quai de Wattrelos), situé au confluent de l’ancien et du nouveau canal, sera donc un pont mobile. Ce pont, nommé sur le plan cadastral, n’y est pourtant pas dessiné, pas plus que sur les autres plans de l’époque. On ne le voit figurer que sur un plan daté de 1906. A-t-il été prévu à l’origine, mais construit plus tard, puisque n’offrant pas la même importance que le pont de Wattrelos son voisin, implanté sur la Grande Rue et reliant les centres des deux villes ?

Néanmoins, ce pont assure un bon service, près de l’écluse du Galon d’eau, et reliant l’extrémité du boulevard Gambetta et le quai de Wattrelos, jusqu’en 1918. A cette date, il est démoli par les Allemands en fuite. Il est remis en service après la guerre, en mars 1920, et le Journal de Roubaix précise à cette occasion que son tablier est pavé.

Le nouveau pont est fixe ; il ne permet pas aux bateaux de le franchir. Les péniches venant de Belgique ne pourront plus desservir que le quai du Sartel, et le reste du canal ne sera plus relié qu’à la Deûle.

Il faut avouer qu’il est peu pratique à l’usage : pour aller du boulevard Gambetta vers Wattrelos, il faut, après avoir traversé le pont, tourner à gauche et suivre le quai jusqu’au pont de Wattrelos, puis tourner à droite pour emprunter la Grande Rue.

Ce parcours sinueux est dû au fait que le quai de Wattrelos est bordé de maisons, et que l’espace compris entre le pont et le confluent de la Grande Rue et de la rue d’Avelghem est bâti, lui aussi. De même, une rangée de maisons bloque l’accès du côté de la rue d’Avelghem. Tout ceci empêche toute communication directe, et oblige à ce détour malcommode.

En 1952, on projette de remplacer ce pont par un autre, situé au même emplacement. Un peu plus tard, on modifie ce projet : le pont sera orienté non plus perpendiculairement au canal, mais dirigé vers le boulevard Gambetta. Sa chaussée doit faire 14,50 m, et il doit offrir un tirant d’air de 4,10 m, permettant le passage des péniches. Ce pont doit être prolongé par une voie nouvelle qui le relierait directement à la rue d’Avelghem. Les plans suivants représentent les deux projets successifs.

L’année suivante, on remplace ce dernier projet par un autre, beaucoup plus ambitieux : en février 1959, le conseil municipal décide de construire un pont de 30 m de large placé dans le prolongement direct du boulevard Gambetta. Ce nouveau pont serait prolongé par des rampes d’accès empiétant d’un côté sur l’ancien jardin public terminant le boulevard Gambetta, et de l’autre sur les terrains situés au-delà du quai de Wattrelos jusqu’à la rue d’Avelghem.

Le long de la rue d’Avelghem se trouve une rangée de maisons, déjà présente sur le plan cadastral de 1884, qui va devoir être démolie.

Les terrains à exproprier consistent principalement en une propriété de 1500 m2 appartenant à Mme Veuve Wallerand-Leconte et comprenant un café en bord de quai (celui d’Eugène Nyckees), et 28 maisons en cour, ce qu'on appelle la cité Wallerand, située sur le terrain d’une ancienne brasserie. On y trouve aussi une autre propriété de 1700 m2, comprenant un ancien négoce de bois, appartenant aux consorts Delesalle, ainsi que divers autres terrains.

A suivre.

Le 16 novembre 2015, J. P. Maerten.

Un extrait du Journal de Roubaix du 4 janvier 1877.

Consulter ce numéro du Journal de Roubaix

Le pont photographié lors de sa reconstruction

Lien vers la notice

Photographie de La Voix du Nord.

Plans des Archives municipales de Roubaix.

Photographie parue dans Nord Matin en 1958.

La photographie montre la zone en 1962, au début des travaux.

Source : Institut National de l'Information Géographie et Forestière.