1890 Le nouvel hospice /

Le chantier débute le 23 mars 1890 et la première pierre est posée le 29 mars en présence de Henry Vel-Durand, préfet du Nord, de Julien Lagache, maire de Roubaix, et des membres du conseil municipal et de la Commission administrative. 153 enfants orphelins et femmes et hommes incurables sont progressivement installés dans le nouvel hospice à partir de juin 1893. Les travaux se terminent l’année suivante. Un pan coupé est réalisé au pavillon situé à l’angle du boulevard Lacordaire et de la rue de Barbieux suite à l’élargissement de celle-ci, c’est la dernière demande de la Commission départementale des Bâtiments civils.

De plan rectangulaire, l'hospice présente aujourd’hui deux longs corps de bâtiment continus, à trois niveaux, plus un étage de combles, encadrant la cour d'honneur. L’ancienne aile des cuisines ferme le côté sud. Les pavillons sont orientés ouest-est afin d’être favorablement exposés au sud. Les architectes adoptent un style éclectique. La composition académique est associée à une architecture néo-flamande, ponctuée de citations néo-Renaissance. Le porche d’entrée rue de Barbieux est ainsi très inspiré de celui du château de Chantilly réalisé en 1875 par Honoré Daumet pour le duc d’Aumale. Il est voûté d'ogives et couvert d'un dôme carré, inclus dans une galerie de six arcades surbaissées et voûtée de coupoles en briques émaillées et polychromes. C’est l’élément le plus significatif conservé du projet originel. Suite à un cambriolage, des grilles en fer forgé exécutées d'après un dessin de Louis Barbotin, sont installées en 1902 pour fermer ces arcades.

La cour d’honneur abrite un jardin paysagé à la française de 96 mètres sur 21 mètres dessiné par le paysagiste Georges Aumont, à qui l'on doit également à Roubaix le parc de Barbieux. En rez-de chaussée, cette cour d'honneur est bordée, sur ses deux longs pans, par des galeries de circulation éclairées par de vastes baies en plein cintre. La maçonnerie en brique est rehaussée d’un décor de pierre, de ferronnerie, de briques émaillées et de motifs en céramique moulés.

L’ensemble pavillonnaire de 1894 était organisé différemment en huit pavillons isolés réunis par des couloirs couverts : pavillons des femmes, de l'infirmerie et des orphelines à gauche et pavillons des hommes, de l'infirmerie et des orphelins à droite ; chaque dortoir contenait 34 lits. En 1900, 441 pensionnaires occupent les lieux pour 483 lits. Une chapelle temporaire est logée au rez-de-chaussée de l’aile gauche. Le chauffage est composé d’une série de conduits espacés de deux mètres et s’élevant à tous les niveaux, réchauffant ainsi les murs et les salles. Le remplacement des cheminées traditionnelles par le chauffage central en 1937 a conservé ce principe innovant bien qu’inspiré de l’hypocauste romain. La monumentale chapelle du projet initial ne sera jamais édifiée, une délibération du Conseil municipal prévoyant « qu'une chapelle provisoire sera établie dans des pavillons détachés ».

Le nombre de lits étant toujours insuffisant, l’architecte Jules Derégnaucourt est chargé d’installer des dortoirs en 1905 et 1907 dans les combles des préaux couverts entre les pavillons attenant aux infirmeries, ce qui permet d’ajouter cinquante lits. Au 1er janvier 1906, il n’y a plus un orphelin à Barbieux suite à l’application de la loi de 1904 qui les place désormais à la charge de l’Assistance publique. Leur départ libère 130 places et l'espace vaquant va permettre l’extension de la chapelle et la transformation de leur préau en fumoir. De 1937 à 1940, les 44 lucarnes des toits sont toutes remplacées par des châssis plus simples et plus larges.

Le nouvel hospice

Angle rue de Barbieux et boulevard Lacordaire vers 1900,carte postale.

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Porche de l'hospice

Porche d'entrée du château de Chantilly par Honoré Daumet, 1875.

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La communauté religieuse

Les religieuses de la Congrégation des sœurs de l’Enfant-Jésus sont les premières occupantes du nouvel établissement. La communauté va diriger l’Hospice de 1893 à 1983. Les 14 sœurs disposent d’un petit oratoire, d’un réfectoire particulier, d’un cabinet pour la Supérieure et de plusieurs chambres. Selon les époques, elles encadrent également trente à quarante personnes en charge des différents services.

Une petite révolution s’opère en 1980 avec l’arrivée de véritables infirmières au sein de l’Hospice et ces titulaires d’un diplôme d’Etat ont parfois des relations difficiles avec l’autorité des religieuses. Les dernières religieuses quittent l’Hospice dans les années 1990.

Résidents au pavillon des femmes en 1913

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Jardin de l'hospice

Jardin de la cour réalisé par le paysagiste Georges Aumont.

Horaires réglementaires en 1900

Lever à 6h du 1er avril au 30 septembre, à 6h30 du 1er octobre au 31 mars.

Petit-déjeuner à 7h, déjeuner à 12 h et dîner à 18h.

Visites autorisées de 14h à 16h en semaine et de 11h à 12h le dimanche. Sorties tous les jours possibles de 8h à 20h.

Adjudication pour la construction d'un fumoir, 1906