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Brüssel, 25 octobre 1941
Ma chère Angèle,
J'ai reçu ta lettre du 13 courant que j'ai lue avec plaisir, excepté sur un point qui m'a étonné et peiné. En effet tu m'apprends qu'à sa venue le mardi 30 7bre, il fut répondu à Marcelle que je n'avais pas déposé mon paquet de linge sale. Or, ainsi que je le fais chaque quinzaine, le samedi 27 7bre j'ai remis au personnel de la prison mon paquet de linge avec l'étiquette portant mon nom bien visible. Ce que j'ai encore fait ce matin. Cette disparition de mon linge me chagrine, car si elle se répète assez fréquemment tu seras obligée d'en acheter souvent, ou je serai amené à le laver ici, ce qui n'est pas pratique. Enfin Marcelle ou toi vous pouvez certifier, chaque fois que vous venez, qu'il y a un paquet de linge sale à mon nom. J'ai été extrêmement heureux de te voir l'autre mardi. J'ai constaté que tu es bien portante. Tu as paru très impressionnée par mon amaigrissement ; il ne faut pas en être affecté. Je me porte bien aussi puisque je ne souffre pas physiquement. D'ailleurs je crois que tout détenu maigrit plus ou moins. Je tiens à répéter que tes colis me donnent pleine satisfaction et il ne me faut pas plus que la quantité que tu m'envoies habituellement. Voici cependant ce que je désirerais recevoir bientôt : un peu de sucre, je n'en ai plus ; une boîte de sardines ou de thon ; ma paire de gants de laine ; un tube de pilules. Tu as bien fait de ne pas couper le pain en petites tranches, en le laissant en entier il se conserve mieux. La nouvelle de la venue des parents et amis, à tour de rôle, me fait le plus vif plaisir, tu voudras bien le leur dire. J'allais oublier de t'apprendre que le lendemain de ta visite, j'ai reçu celle de l'avocat que tu as choisi, m'a t-il dit, pour me défendre ainsi que Raymond. Sans doute as-tu fait ton choix sur des renseignements qui t'ont été donnés. J'espère que notre affaire ne traînera plus longtemps. Assure mes amis de mon affection indéfectible ; remercie le jeune Roger Vano pour ses sucres de baptême ; embrasse Henriette, Thérèse et nos parents pour moi et je t'embrasse, ma chère Angèle, ainqique Marcelle, avec toute ma tendresse. J. Lebas
Etablissement : Archives municipales de Roubaix Cote : 11J9 Mots-clés : Guerres - Vie politique - 1914-1918 - 1919-1938 - 1939-1945 - 1946-1959 - 1960-1969 Fait partie de :Les documents laissent à voir le quotidien d'une famille entre 1914 et 1963. Aux documents administratifs, financiers ou officiels se mêlent les souvenirs, objets, lettres et photos d'une famille au destin chamboulé par la succession de deux guerres et des responsabilités politiques. Cette collection offre un regard nouveau sur la famille Lebas, famille qui a profondément marqué la ville de Roubaix et son histoire. Cette collection comporte à la fois des objets, des photographies, des documents sur support papier. Parmi les documents les plus emblématiques, citons un ensemble de lettres manuscrites et autographes de Jean Lebas à sa femme pendant sa période de déportation au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Documents d'origine privée
1898-1963
Lettres manuscrites et autographes de Jean Lebas à sa femme Angèle durant ses emprisonnements de Loos à Hambourg lors de la Seconde Guerre mondiale
Entre le 11 juin 1941 et le 27 janvier 1942