Lettres manuscrites et autographes de Jean Lebas à sa femme Angèle durant ses emprisonnements de Loos à Hambourg lors de la Seconde Guerre mondiale - Bruxelles, 9 novembre 1941

Brüssel, 9 9bre 1941

Ma chère Angèle,Ce matin j'ai reçu ta lettre du 28 8bre et sa lecture, comme toujours, m'a fait plaisir. Dans ma précédente lettre je t'ai dit que mon amaigrissement n'a rien d'inquiétant ; je me porte bien, je ne souffre nullement. D'ailleurs j'ai l'impression que maintenant je ne perds plus de poids. Une fois encore je te dis que tes colis me donnent satisfaction. Cependant j'ai une petite remarque à faire au sujet du gâteau du dernier colis (mardi 28 8bre). Il dégageait une si forte odeur d'anis qu'il en était mauvais. J'ai fait effort pour le manger. A l'avenir ne prend plus de gâteau ayant cette odeur, je préfère m'en passer. Par contre pain et biscuits étaient excellents. J'espère que le colis que tu apporteras mardi contiendra un peu de sucre que j'ai demandé dans ma dernière lettre, ainsi que des pilules. Tu fais justement remarquer que je remets peu de linge sale. C'est vrai, mais j'en déduis tout de suite que tu as donc retiré mes paquets de linge sale. Cela me tranquillise un peu et c'est précisément parce que hier matin, ignorant encore si mon linge t'avait été remis, que j'ai fait un paquet contenant peu de choses ; ainsi je n'ai pas changé de chemise, celle que j'ai n'est pas sale. Pour répondre à ta lettre, voici le linge que j'ai dans ma valise : 1 chemise couleur dont je suis très content, je n'ai plus besoin ici de chemises blanches, 3 serviettes ; 1 gilet flanelle ; 1 chemise de nuit ; 1 caleçon d'hiver et 1 maillot ; 1caleçon d'été ; 3 paires de chaussettes de laine et les 2 pyjamas. Bien entendu dans ce linge je ne compte pas celui que je porte, ni celui que j'ai rendu hier et que tu devras prendre mardi si tu viens, ce que j'espère. Inutile de m'envoyer le pyjama de moleton. J'oubliais de te demander du fil blanc. Mais surtout laisse pendre le bout du fil afin que je le voie. Je ne te parle pas argent puisque tu n'en dis rien. Je suis content de savoir que tu peux chauffer la maison, c'est heureux. Quand y reviendrais-je ? Je l'ignore et l'affaire traîne au point que je doute que ce soit prochainement. Je patiente donc, c'est tout ce que je puis faire. Dis surtout à nos parents et amis que je les remercie de venir te voir de temps en temps. Dis leur que je pense souvent à eux. Assure mes amis de ma confiance et de mon affection ; embrasse bien Henriette,Thérèse et nos parents et je t'embrasse de tout mon coeur, Ma chère Angèle, ainsi que Marcelle.

Jean Lebas

Collection famille Lebas

Les documents laissent à voir le quotidien d'une famille entre 1914 et 1963. Aux documents administratifs, financiers ou officiels se mêlent les souvenirs, objets, lettres et photos d'une famille au destin chamboulé par la succession de deux guerres et des responsabilités politiques. Cette collection offre un regard nouveau sur la famille Lebas, famille qui a profondément marqué la ville de Roubaix et son histoire. Cette collection comporte à la fois des objets, des photographies, des documents sur support papier. Parmi les documents les plus emblématiques, citons un ensemble de lettres manuscrites et autographes de Jean Lebas à sa femme pendant sa période de déportation au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Documents d'origine privée

1898-1963

Lettres manuscrites et autographes de Jean Lebas à sa femme Angèle durant ses emprisonnements de Loos à Hambourg lors de la Seconde Guerre mondiale

Entre le 11 juin 1941 et le 27 janvier 1942