De surprenantes représentations /

Les planches anatomiques de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1777) ne sont-elles pas de simples représentations du corps humain ? De ce qu’il est ? Les différentes languettes à soulever dans La nouvelle médication naturelle de Bilz (ca 1920) ne permettent-elles pas d’avancer pas à pas à travers le corps selon une méthode scientifique?

Au-delà de la dimension purement informative et démonstrative, les images présentées dans ce dossier font émerger un certain nombre de questions. Roland Barthes, célèbre linguiste, prend pour exemple l’image de l’homme réduit à son réseau de veines et la décrit en ces termes : «  L’audace anatomique rejoint ici la grande interrogation poétique et philosophique : qu’est-ce que c’est ? Comment donner un nom ? Mille noms surgissent : un arbre, un ours, un monstre, une chevelure, une étoffe, tout ce qui déborde de la silhouette humaine, la distend, l’attire vers des régions lointaines d’elle-même […] ».

A ces questionnements s’ajoute une dimension de monstruosité que l’on peut observer à travers la planche représentant la matrice. Enigmatique, elle convoque plusieurs images – selon R. Barthes, un bœuf écorché à l’étal, un intérieur de corps qui se défait et flotte – sans jamais contredire le traumatisme originel rattaché à l’objet représenté.

Anatomie

Anatomie : les troncs de la veine cave avec leurs branches disséquées dans un corps adulte.-Reproduction de planches extraites de l’Encyclopédie Diderot D’Alembert, 1751-1780.- Les libraires associés, 1964 MAG L/P Fol/300 304

Anatomie

Anatomie : La matrice.- Reproduction de planches extraites de l’Encyclopédie Diderot D’Alembert, 1751-1780.- Les libraires associés, 1964 MAG L/P Fol/300 304