Pennel & Flipo : les débuts roubaisiens 1921-1924 /

La première société Pennel & Flipo est constituée en 1921 et ses locaux se trouvent dans un ancien café reconverti en atelier (estaminet Hiroux en 1914). Aujourd’hui démoli, ce café, qui appartenait à la Brasserie Jonville, était situé au n°58 rue de l’Espérance. Jean Pennel a 25 ans, il est chimiste. Joseph Flipo a 29 ans, fils de fabricant, il est dans la finance.

Ils vont se lancer dans la fabrication d’un sparadrap pharmaceutique, le dermoplaste Willot, un produit du laboratoire Joseph Willot, le pharmacien roubaisien bien connu de la rue du Vieil Abreuvoir. Mais le dermoplaste ne suffit pas à faire vivre la société. Ils font la découverte d’un produit à Paris, les culottes bébé en feuille de gomme de couleur naturelle. Le produit est fabriqué par la société S.I.T. caoutchouc Paris, qui sera reprise par la société Kléber Colombes. C’est la grande époque du caoutchouc. A Roubaix, Emile Degrave établit la manufacture de caoutchouc du Coq français (n°173 en 1885) qui sera reprise par la société Hutchinson.

Les commandes augmentent, on complète la gamme : un bavoir, une alèze. Côté dermoplaste, d’autres produits : le taffetas Pierart, œuvre d’un pharmacien parisien, qui change le traditionnel taffetas chiffon à base d’huile de lin par une feuille caoutchoutée, et un autre fournisseur, Morel, pour acheter du drap d’hôpital afin de renforcer le rayon pansement. Mais tout cela revient cher : trop de fournisseurs, trop d’intermédiaires. Les deux associés se décident à passer à la fabrication du principal produit, la culotte bébé en caoutchouc. Ils ont bien un fournisseur de feuilles, la maison Lick et Paramount de Paris, mais elles sont de qualité irrégulière et en quantité insuffisante. Alors, fabriquer le produit de base ?

Leur projet est clair : il faut construire un immeuble, y mettre du matériel, apprendre à s’en servir, et trouver l’argent nécessaire. Pour l’argent, des souscripteurs ont accepté de prendre le risque, ils y retrouveront plus que leur compte après coup. Il y a tout d’abord Adolphe Delmasure et ses deux frères. Adolphe Delmasure (1890-1978) est une personnalité de l’Action Catholique du département du Nord. Fils d’industriel et lui-même petit patron, il est à l’origine des secrétariats sociaux et de l’émergence du syndicalisme chrétien C.F.T.C. (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens) dans le Nord. Puis Firmin Dubar (1867-1947) a participé. Lui, c’est la famille. Il est l’oncle des deux partenaires. Sa sœur Marie Dubar a épousé Charles Flipo, lesquels sont les parents de Joseph Flipo. La femme de Firmin Dubar est une Pennel. Et il possède des terrains dans le quartier du Hutin, ce qui n’est pas négligeable. Vient ensuite Alphonse Louis Allard (1860-1936), un important industriel roubaisien. Ils reçoivent aussi de l’aide de la part de l’Abbé Pinte, lequel était chimiste de formation. L’abbé Jules Pinte, Firmin Dubar et Joseph Willot, c’est l’équipe reconstituée de l’Oiseau de France, journal de résistance pendant la Première Guerre. Ce sont des héros.

Avec de tels parrainages, le 10 juin 1924, la société anonyme des Ets Pennel & Flipo est créée avec un capital de 900 000 francs. Elle absorbe la première affaire qui apporte ses actifs. Un beau champ de blé est acheté dans le quartier du Hutin et un premier immeuble est construit.

A suivre.

D’après l’historique de la société Pennel et Flipo et le Journal de Roubaix.

Le 24 août 2015, Philippe Waret.

Publicité pour le dermoplaste Willot

Document issu d'une collection particulière.

La société Degrave

Lien vers la notice

Les parrains de l'Oiseau de Fance

Source : le Monde Illustré de 1923.

L'usine Pennel & Flipo en 1934

Source : collection particulière.