La boulette ! /

Juin 1971, l’ouverture du centre commercial est à présent imminente. Une campagne publicitaire est alors lancée, d’une part pour annoncer l’événement prévu à l’automne, et d’autre part pour relancer la vente des surfaces commerciales. Mais stupéfaction générale, le centre commercial a pris le nom de Lannoy 2000.

Voici qui replonge les deux cités dans leur combat médiéval, à l’époque où Pierre de Roubaix, de la Maison de Bourgogne, s’en allait à la tête de ses chevaliers châtier Jean de Lannoy, inféodé au roi de France. Etre un roubaisien heureux, c’est devenir lannoysien (comprendre lannoyen), c’est donc quitter Roubaix ? Inversement, Lannoy devient le cœur de Roubaix ? C’est à y perdre son latin.

Accessoirement, parler de Lannoy 2000, c’est éviter de parler des longues haies (ou oublie définitivement) et d’Edouard Anseele (un flamand, collectiviste qui plus est).

La rue de Lannoy deviendrait donc un quartier ? C’est oublier un peu vite les quelques kilomètres de commerces qui portent encore ce nom du boulevard de Belfort jusqu’à Lys Lez Lannoy.

Cette boulette publicitaire est dénoncée par la presse roubaisienne, comme « l’œuvre imprudente de publicitaires parisiens ignorant la géographie locale ».

De fait, la question du nom n’est pas tranchée. En septembre, diverses propositions ont été lancées, dont Lannoy 2000, Point Nord, ou encore Lido. En décembre, la dénomination Roubaix 2000 semble faire l’unanimité. Ce centre commercial aura finalement été bien mal nommé, puisqu’il ne connaîtra pas l’an 2000, ayant été démoli juste avant. Mais ceci est une autre histoire.

Le 10 mars 2011, Philippe Waret

Publicité parue dans Nord Eclair.