Journal de Madeleine Ducarin le 3 août 1914 :
"Départ de papa et des oncles Pascal et Lucien."
Le 1er août 1914 marque le jour de la mobilisation générale. Les hommes doivent partir. On pense que la guerre sera courte.
A Roubaix, comme partout en France, tous les hommes de 18 à 55 ans, aptes au service, de toutes les classes sociales, partent à la guerre. Environ 8 millions d'hommes sont mobilisés entre 1914 et 1918, dont environ 3 millions de Français.
La ville compte en 1911 (dernier recensement de la population avant la guerre) 131 344 habitants. 4 000 hommes ne reviennent pas des combats en 1918, 1 745 en reviennent mutilés.
Il s'agit donc d'un bouleversement profond dans le quotidien des familles. Dans chacune d'entre elles c'est un père, un frère, un fils, un fiancé qui part combattre, laissant parfois ses proches sans nouvelles pendant plusieurs mois. Les parcours des Poilus sont tous uniques. Certains ont connu les tranchées durant 4 ans, d'autres ont été prisonniers, d'autres ont dû quitter leur pays pour les campagnes françaises inconnues, d'autres ont été blessés et réformés, certains encore ont menti pour intégrer l'armée...
Chaque Poilu a son histoire unique qui fait désormais partie de la grande Histoire.
Affiche de la mobilisation générale en 1914.
Prêt d'une reproduction d'affiche par un particulier.
Jean Deroubaix
Jean Deroubaix est né le 2 août 1875 à Roubaix.
Il travaille en tant qu’ourdisseur à l’usine Huet de Roubaix lorsque le conflit éclate.
Mobilisé dès les premières heures, il part un jeudi d’août 1914 et laisse sa femme Céline et sa fille Cécile, 4 ans. Jean a 39 ans.
Jean Deroubaix revient dans sa ville natale en 1919 du fait de ses obligations d'infirmier. Il reprend sa vie et décède en 1959.
Image :
Photographie d'un groupe de Poilus dans une infirmerie.
L'infirmier Jean Deroubaix se trouve sur la dernière rangée, 5ème en partant de la gauche.
Prêt de Mme Josiane Deroubaix.
Alexandre Thaon
Alexandre Thaon est né le 20 juillet 1882 à Roubaix.
A l'annonce de la guerre, il est installé comme négociant de commerce dans la Grand rue et est marié à Coralie, qui est enceinte de 8 mois.
Alexandre Thaon n'est libéré de ses obligations militaires qu'en mai 1919 à Luçon (Vendée) , il rejoint ensuite Roubaix où il doit réhabiliter sa petite entreprise au 303 Grand'rue. En 1922, une petite Agnès vient agrandir la famille.
Alexandre Thaon décède à Roubaix en 1945.
Image :
Photographie de 1915.
Alexandre Thaon porte l'uniforme du début de guerre, avec le pantalon rouge garance.
Celui-ci sera remplacé à partir de 1915 par l'uniforme bleu horizon, moins voyant.
Prêt de Mme Anne-Thérèse Dhelft-Thaon.
Édouard François
Édouard François est né le 24 octobre 1877 à Roubaix.
C’est un ouvrier textile qui travaille en tant que dresseur de chaînes.
En août 1914, il est marié à Léontine et ils ont deux filles, Yvonne qui a 10 ans et Renée qui a 8 ans.
Il part pour la guerre le 2 août 1914, il a 36 ans.
Édouard François ne revoit jamais Roubaix. Le cafard du soldat et la guerre ont eu raison de lui, il se suicide à Paris en mai 1918, sans avoir revu sa femme et ses enfants.
Image :
Photographie de soldats. Édouard François se trouve tout à gauche, guerre 1914-1918, don de Mme Odile Lesage, LES_D01_001 / 12 J 1.
Jacques Boussac
Jacques Boussac est né le 19 mars 1885 à Paris, dans le 10ème arrondissement.
En 1914, il est diplômé d’une licence en sciences, marié à Marie-Josèphe depuis moins d’un an et papa d’Élisabeth depuis un mois.
Il a 29 ans lorsque le devoir l’appelle, en août 1914.
Deux de leurs enfants naissent pendant la guerre, Jacqueline (1917) et Marc (1918) .
Jacques revient auprès des siens en 1919 après avoir contracté la grippe espagnole.
Marie-Josèphe met au monde 6 autres enfants après la guerre avant de décéder brutalement en 1929. Jacques décède à Orsay (Essonne) en 1962.
Image :
Photographie du mariage de Jacques et Marie-Josèphe Boussac, don de M. Georges Voix, BOU_DOC_D016, Médiathèque.