Les règles imposées par l'occupant /

L'interruption de toute forme de communication – ni lettres, ni journaux, ni pigeons voyageurs – sonne dans les écrits comme l'un des fardeaux les plus durs à porter : « Aux souffrances matérielles, facilement supportables, s'ajoutent les souffrances morales mille fois plus pénibles... C'est d'abord la séparation : on nous a complètement isolés de tous les nôtres. Nous ne savons rien de ceux que nous aimons... Plus de lettres, plus de journaux, plus de communication avec qui que ce soit. » (Clémence Deledalle, fille de Julia Deledalle, automne 1917). Sans contact avec l'extérieur, c'est-à-dire la France non occupée, les Roubaisiens et tous les habitants des villes alentours occupées, se sentent plongés dans un profond isolement.

Durant cette période, ces derniers doivent aussi faire face aux nombreuses réquisitions ordonnées par les soldats allemands. Vêtements, couvertures, matelas, vins, liqueurs mais aussi tous types de moyen de locomotion sont confisqués. Dans les usines, les patrons doivent aussi se résoudre à laisser partir vers l'Allemagne coton, laines et tissus. « Depuis le 8 octobre, les Allemands règnent en maîtres ici, commandant à la Mairie, à la Banque, dans les édifices publics, accaparant même nos églises pour y célébrer leurs offices, réquisitionnant tout ce dont ils ont besoin, et tout ce qui leur plaît : vêtements, couvertures, poêles, ustensiles de cuisine, montres, bijoux, pipes, vins, champagne, liqueurs ; volant le coton, la laine, les tissus dans les fabriques. Leur but, semble-t-il, est de ruiner Roubaix et la France. » (journal de Marthe Forceville).

Aux réquisitions et au manque de produits alimentaires viennent s'ajouter les obligations de travail au service de l'occupant ainsi qu'un certain nombre de mesures vexatoires décrites précisément dans le journal de Julia Deledalle complété par le témoignage de sa fille. Elles y soulignent toutes deux la dureté des sanctions encourues au moindre manquement ainsi que les fouilles quotidiennes : « Monsieur Vandenberghe fut emmené en prison pour ne pas avoir enlevé son chapeau pour parler au capitaine qui commandait le vol de son vin. Il y fut retenu de midi à 5 heures avec menace de fusillade. » (journal de Julia Deledalle-Dazin, 18 novembre 1914).

« Aucune vexation, aucune humiliation ne nous sont épargnées. Quand nous prenons le tramway pour aller à la ville voisine, il n'est pas rare que tout à coup une patrouille nous arrête. Il faut alors descendre du tramway et se laisser docilement emmener vers une maison quelconque...là, on nous enjoint d'avoir à nous déshabiller complètement...on fouille nos vêtements, on vide nos poches, on ouvre nos paquets. Tout ceci dans l'espoir de découvrir une lettre, un journal venant de France (non occupée) et de pouvoir frapper des peines les plus sévères celui qui a eu l'imprudence de correspondre avec l'ennemi. Car l'ennemi c'est nous, ce sont nos maris, nos frères...et c'est une chose très grave, très défendue que d'essayer d'avoir de leurs nouvelles !! » (Clémence Deledalle, fille de Julia Deledalle, automne 1917)

A la fin du mois de décembre 1914, les roubaisiens sont épuisés. Le découragement se lit dans les pages des carnets de Julia Deledalle-Dazin, Paul Destombes, Madeleine Ducarin ou Marthe Forceville. Quel que soit le milieu ou l'âge, tous désespèrent devant l'installation dans la durée de la situation d'occupation. Et pourtant, les roubaisiens ne sont pas au bout de leurs peines : la suite dans nos prochains dossiers…

Avis

Avis attestant de l'interdiction de correspondance à Roubaix le 31 décembre 1914.

Affiche issue des fonds des Archives municipales de Roubaix.

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Avertissement

Avertissement à la population roubaisienne le 29 octobre 2014.

Affiche issue des fonds des Archives municipales de Roubaix.

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Carnets de guerre et affiches

Retrouvez l’intégralité des carnets de guerre de Paul Destombes, de Madeleine Ducarain, de Marthe Forceville et d’autres écrits sur la Première guerre sur Bn-R.

Tout comme près de 1000 affiches toutes placardées à Roubaix entre 1914 et 1918.