I ? RBX /Le service Questions/Réponses sur l'histoire de Roubaix.

L’acteur français a bien un homonyme roubaisien ! Il ne s’agit pas d’un autre acteur mais d’un journaliste, historien et écrivain qui a beaucoup écrit et travaillé sur sa région d’origine. Jean Emile Piat (21 avril 1911-23 février 2002) est né à Lens dans la Pas-de-Calais, mais sa famille déménage très rapidement après sa naissance à Roubaix.

Fils d'ouvrier, il suit les enseignements de l’Institut Turgot de Roubaix. Il commence à travailler dans les services commerciaux de La Lainière de Roubaix, et œuvre notamment autour des laines du Pingouin. En ce premier XX^e siècle marqué par la lutte des classes et l'affrontement entre patrons et ouvriers, entre capitalistes et collectivistes, mais aussi entre socialistes et communistes, Piat choisit son camp : il milite à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) (à laquelle il adhère en 1929) et à la Confédération générale du Travail (CGT). Il est collaborateur bénévole puis rédacteur en chef (1938) de La Bataille ouvrière, organe de la section socialiste de Roubaix. Secrétaire général adjoint du syndicat des employés CGT de Roubaix, il voit en 1936 gonfler les effectifs, dans le contexte de la victoire du Front populaire. Il rédige les conventions collectives pour différentes sections (brasserie, métallurgie, textile, etc.).

Entré par concours à la mairie de Roubaix en juillet 1936, il est après sa démobilisation, début 1941, affecté au service du ravitaillement comme adjoint à Victor Provo. Ce poste lui permet d’aider les résistants. Piat s'inscrit également dans la Résistance comme journaliste clandestin, notamment pour le journal L'Homme libre. Il fonde aussi La IV^e République avec Augustin Laurent. Ces activités lui valent la médaille de la Résistance en 1948 et la Légion d'Honneur en 1983. A la Libération, il participe à la renaissance de la presse régionale avec la fondation du journal Nord-Matin, pour lequel il assure la rubrique politique et les grands reportages et dont il dirige les bureaux parisiens de 1955 à 1967. Il fonde également en 1944 deux agences de journalisme : l'Agence de la Liberté avec Vincent Auriol, et l'Agence européenne de Presse (AEP).

Farouche opposant à toute entorse aux règles de grammaire et d'orthographe, il ne cesse dans ses écrits de vilipender le laxisme qui conduit jour après jour à dénaturer la langue de Molière. Il reçoit d’ailleurs en 1965 la Coupe Émile de Girardin pour la défense de la langue française. La plupart de ses articles trouvent leur place dans les colonnes de Nord-Matin, mais il collabore à bien d'autres périodiques, parfois sous pseudonyme (Paul Farret, Marcel Jan, Enjolras ou encore l'Endoctrineur). Il écrit des articles politiques, des chroniques de politique intérieure, rédige des interviews, assure des rubriques de littérature, cinéma, théâtre.

En 1967, il reçoit la Coupe d'or des chroniqueurs touristiques.

Très attaché à ses racines, Jean Piat a consacré ses travaux historiques essentiellement au Nord, et plus particulièrement à Roubaix. Comme le montrent les titres de ses ouvrages, il a raconté l'histoire de cette ville sous tous ses aspects : Roubaix, capitale du textile (1968) ; Roubaix à la Belle Époque (1973) ; Roubaix, histoire d'une ville socialiste de 1819 à 1945 (1981) ; Les grands événements mémorables de Roubaix (1984). Il a également écrit sur Gustave Nadaud et a participé activement à l'exposition du centenaire de Jean Lebas, ainsi qu'aux travaux de l'Association de recherches historiques de Wattrelos, dans le cadre du développement du Musée des Arts et Traditions populaires de cette ville. Son œuvre littéraire (et notamment son ouvrage Croix, dix siècles d’histoire, 1971) est récompensée en 1972 par le Prix de l'Académie française.

Pour connaître davantage sa vie et son œuvre, vous pouvez consulter ses archives privées sur la Bn-R, de laquelle sont extraites ces informations.